LA COUDEE QUOTIDIENNE
(42 poèmes)
Partie 1 : Fusion primaire
A consommer l’énormité du néant,
J’ai acquis le savoir de cent générations,
Dispersées tout autour d’un chaudron bouillant
Dont le pourtour sauvage limite ma prison.
1 Détours par le néant.
Me revoilà dans ces eaux troublées,
Aspirant au souffle nouveau et nécessaire
Tandis que brassant si peu d’air,
Je te révèle aux hommes, toi, mon adorée.
Et le silence se fait plus ambitieux,
Le rêve délicat et partisan,
La chaleur : froide, le souffle : puissant,
Nos espoirs ; prétentieux.
Nous n’aurions fait que rire
Et se découper sous l’écho,
La mécanique et le garrot
De ton empire.
Oh visage, oh seins, oh fesses,
Oh liberté que j’étreins parfois,
Sur les murs de la joie,
D’un monument qui s’affaisse.
2 Amuse-gueule
L’herbe folle me foule,
Et s’enfile en traits courbés,
Sous un grand manteau d’acier
Mais perméable aux courants d’air.
Plus vicieux que cent mille hommes
Dont se compte l’armée.
Ce printemps secret, on le sait,
Sera plus délicat,
Tant qu’il me restera
Des bras, pour les cons…
Tenir.
Et c’est à ce moment que tu débarqueras,
Sur ton voilier zélé,
Avec un grand casque sur chacune de tes bosses.
Je vivrai comme ce prince, dont on causait parfois,
Ensemble, mais sans toi, qui me ressemble.
Alors la foule, cette herbe folle,
Me tentera encore et cette fois,
J’en serai quitte,
Pour une fin qui débute. Tant mieux.
3 La coudée quotidienne
Je me tombe de bras en mains
et la coudée quotidienne
cornée comme l’ancienne
se creuse au fier matin.
Et la carence apprivoisée
son étendue matrimoniale
en sa prestance verticale
fait en quelque sorte;
un bouquet.
Il faudrait un parfum
Une douceur toute autre
Un accroc sur le votre
Ou le tiers sur le mien.
C’est ainsi que l’attente
en inchs, en furlongs
en visions vagabondes
dans mes yeux se décante.
4 Le froid du jour
En corps épais et déracinés
La bulle au fond du couloir
Me faisait autant rouge que noir
Et tu en penses autant.
L’automne fertile et neutre,
Ton plus grand abat jour
Et moi le troubadour,
En ais le sens perdu.
As-tu froid quand je glisse
Dans ton pénible rêve,
Et que le temps achève
De me rendre fou ?
As-tu froid quand la neige
Est tombée depuis peu,
Que les jours en sont vieux
D’une année solitaire ?
5 En altitude
La gloire de mon ancien prisonnier
Fait de la peine
Aux amours sereines
Que j’avais amorcé.
Ce sera la multitude,
En ta langue bifide
Ou la soif perfide,
Qui pourra me tuer.
Mais je n’ais commencé
Que la faim ;
C’est un début
Enfin.
Auras-tu le courage ?
Toi, le paysan de l’altitude
Hébergé en multitude
Par ces peurs intestines.
Je m’en vais…
Alors…
Comme on part,
Sans revenir.
6 Terpènes
Ces marées libertines
Font une castration,
Au malaise endocrine
De mon hydrocution.
La foi, mon atropine
Est ce poison vibrant,
Diffusant citadine
Jusque mon bel estran.
La joie, mon éthylène,
Est ce final béant
Ajoutant aux terpènes,
Des germes exaspérants.
7 Les adieux
Entre ce cœur courbé,
Et mon goût pour l’ombre,
D’autres lieux m’auraient fait,
Plus perdu qu’en surnombre.
Entre ta peur subite,
Et mon déraisonnement,
Il n’y a de limite,
Que ton vaste océan…
Entre la démission
et de tendres aveux,
J’ai préféré l’action,
De pénibles adieux.
Entre la fin,
Et le début,
J’aurais été l’un,
Et l’autre, bien entendu.
8 Rouge
Que tu es belle ma solitude, et comme tu mords
Que ton parfum m’embrume, et comme tu erres.
Que la belle est perdue, et comme tu me réveilles.
Que j’ai mal, autant de fois qu’on m’a visé.
Comme j’ai hurlé, et comme j’ai ri
Comme un fou, comme serré comme brûlé.
Que j’ai attendu, Comme je t’ai trouvé.
Comme je n’ai rien compris et pourtant entendu.
Comme je me suis cramé, tout à l’intérieur
Comme je me suis pendu.
Comme j’ai bu le poison
Sans l’avoir savouré.
Et cela était rouge.
9 L’essence de ton étrangeté
La triste fanaison de ce jardin poisseux
Comblait en exhalant son parfum nauséeux,
L’envie de te revoir et de te désirer,
Mon amour frissonnant, ô combien desséché.
L’habitat favorable aux germes capricieux
De cette pourriture fleurissant dans mes yeux
Avait au demeurant, un charme inégalé,
A savoir, l’essence de ton étrangeté.
Partie 2 : Ejaculation cardiaque
Le flux discontinu, est signe de santé.
10 Cet étrange escalier
Non, tu n’as plus le sourire aiguisé,
Tes larmes ne sont plus acides,
Tu as perdu ta place en ce cerveau humide
Et j’ai vendu ces lieux, à d’autres noms plus avisés.
Ton temps est révolu, cela me peine,
Mais il y a la joie qui me parcourt encore,
Il y a le désir qui envahit ce corps
Revenant chaque instant au croisement des veines.
Et l’essentiel est là, et le fond est immense,
Et tant ensemencé qu’il y aura descendance,
Gravissant par milliers,
Cet étrange escalier.
11 Sillages
Dans cet océan,
De grands horizons, des flammes
Comme autant de grandes dames,
Aux grandes dents.
Mou, ressemblant
A un village d’ascidies,
Insensibles aux remous, aux bruits,
Passant dans l’ombre d’un bruant.
Inconnu sur ces rivages,
Par delà les contrées aux noms alambiquées,
Vous saviez madame, vous saviez !
Que nos sillages sont associés.
12 Demain le grand royaume.
C’est demain le grand royaume,
Conquis depuis le vent de tranchées soudaines.
Mais ceux là, les gens dont on disait qu’ils étaient perdus
Ont dans la chair bien plus que la plupart,
Mollement assoupis sur des tissus épars
Comblant à en vomir les fosses et leurs chantiers.
Allant au devant de monstres, tous plus blancs qu’un soleil
J’étais corrompu, moi aussi, flanqué d’une épée trop pesante
Pour qu’à chaque seconde, je m’en eus soulagé.
Et de ces grains en vint l’écume,
Puis ajoutant chacun, fabriquer un torrent.
Dans l’arène plus pleine, fût-ce possible, que cent mille femmes,
Bordés de flammes et pourtant mis à nu,
J’étais comme un furieux,
Maudissant et pestant contre l’ignoble engin
Tout autant mis à mal.
Moi aussi j’avais mal, ce qu’on ne voyait pas.
Malgré l’heure tardive, et l’absence ambigüe
De témoins alanguis, il me fallu bailler et jouer l’enfant
Voire même un bien plus jeune que je n’étais avant !
Cela est tâche ardue et le maître attendu,
Avait bien mieux à faire qu’à prodiguer
(à ceux dont on ne sait que faire)
Son prestigieux savoir, et son art austère.
Pourrait-on après ça, m’imaginer grand père ?
Les cheveux grisonnants et cependant tendu au-delà des racines,
Le contant pourquoi pas, Racine, ou un autre peut être,
Un choix plus judicieux.
Pourrais-tu, toi, déjà, pousser ton raisonnement
Jusqu’à cet incident : l’âge ?
D’après ce que j’en sais, ce chiffre n’est pas rond.
Du moins, pas comme moi, ni ces fichus ballons
Qui s’agitent pour trois.
Décidemment, ce rien n’est impossible
Que de vive voix, puisque l’écrivant,
Il est aussi vivant
Que moi.
13 L’éveil
J’ai comme un loup étrange à l’intérieur
Et des nuées d’insectes xylophages
Se nourrissant du bois, et du breuvage,
Ma sève sucrée et chaude. Cette liqueur.
Il y’a des territoires, plus vastes en ces heures
Où m’implantant feuillu, je suis forêt sauvage,
Et tandis qu’on me tranche et qu’on en fait des pages,
Je laisse hurler le vent, saillie en ma demeure.
Un sommeil quotidien, dit on, et c’est possible,
Dont je n’ai la conscience qu’à demi éveillé,
Serait un horizon, à perte, quelque peu ombragé,
Et fleurissant encore, au-delà de mon style.
Car je n’ai guère encore, donné de comestibles
A peine un fruit peut être, dont la peau est séchée,
Tordue comme le saule, de mon hiver lassé,
Par la main pourtant douce de guerres apatrides.
Mais je suis agrippé, et j’ai creusé des mètres,
Où sont ancrées solides, mes racines imposantes,
Ecartant acharnées, mais en dilettantes,
La grise et ses maux en lettres.
Je vous dis à bientôt, toi le saule, toi le hêtre.
Toi la forêt sauvage où j’ai l’humeur plaisante,
Toi le terrain humide, qu’à présent je hante,
Pour germer à nouveau, celui que je sais être.
14 C’est la nuit mon Amour
Par dépit, je te défriche mon Amour,
Tu es éparpillé.
Par envie, je te découvre encore,
Puis je suis dégoûté.
C’est la nuit mon Amour,
Tu en es amusée.
Je n’ai pas joui ce soir, mon Trésor,
C’est le mois, c’est l’année.
Je t’ai pris violemment, mon Amour,
Il fait beau, c’est l’été.
Je te désire toujours, mais j’ai tort
Car tu es atrophiée.
Je te tuerai demain, mon Amour,
Tu l’avais deviné.
Tu n’es un grand corps mort,
Ou je suis abusé.
15 Je t’ai trouvé belle
Je t’ai trouvé belle,
Plus encore en ce territoire,
Si plein qu’il en est vide.
J’ai trouvé ton visage doux, tes traits fins et gracieux
Dans ces trois représentations.
Assez pour chaque jour, y revenir.
J’ai pensé que ce serait agréable,
D’y poser le mien à côté.
Je t’ai regardé écrire
Dans le Velvet underground
Et mes pensées sont allées,
S’en est ridicule, jusqu’à toi.
Que je ne connais pas.
Je t’ai trouvé belle,
Plus encore que l’objet de la comparaison,
Et j’ai imaginé, en secret,
Le plaisir que j’aurais à te voir,
Dans les trois dimensions.
Partie 3: Right to the empty sky.
There’s no way out
16 The great hot and spicy cure for a wet heart
Douze milliards de sentiers, de terriers, de prairies
D’insectes frétillants et de toi, dans la nuit.
Des apôtres en aciers, des royaumes en béton,
Et le quart de mon pied, en pleine expansion.
Un chemin pour vénus, balisé c’est odieux,
Par des membres érigés, comme au temps de nos dieux.
Et moi dans cette cage aux barreaux caramel
J’aurais tant préféré, un mois en caravelle.
Voyage en demi-lune, entassé sous les corps,
Et les cordes frappées, qui m’élèvent encore,
Un œil aurait suffit, l’élan cyclopéen,
A remonter au temps, furieux de l’Hadéen.
Tout autant de paroisses, d’odes à la démesure,
Sanglotant sous les jupes, le suif et la sciure,
Le bois craquelle, er rien pour y brûler,
Pas même un lignicole, qui serait égaré.
A cœur humide, remède, cataplasme bouillant,
Appliqué sur le derme, au niveau de mon flanc.
Une convalescence, un implant dans l’artère,
Et cette mutation, finira par me plaire.
17 A strange pet, a smile, and something like me
A l’envers,
Il n’y a rien.
Mais en terre,
Tout va très bien.
Je ne sais pas,
Mais qui le sait.
L’armée de moi,
Main à la pâte,
Verse des dents
De serpent,
Cruel, à la baïonnette
Serpent à sonnettes.
Ça tourbillonne,
Ça n’a pas de sens.
Mais dans le fond,
Il y a du bon.
18 Atomik Big Bang
Bien au-delà des voies
De la glycogenèse,
Aux frontières de l’hélium
Et du manganèse,
J’ai parcouru l’espace,
Et dominé le temps.
Ma densité sereine,
Mon gros bang atomique,
La frénésie des reines
Etant bien alcoolique,
Il a fallu percer
Et ouvrir à nouveau
A l’acte, le puissant,
A l’être, l’étant.
Quand dans ces divisions,
Par trop asymétriques,
Mon exfoliation
Se faisait anarchique,
Je m’enfuyais souvent
Ainsi que je le fais,
Dans un gouffre ou le temps,
Parait s’être arrêté.
19 Three Hundred worms
Voici de la lumière
A t’en bouillir les glandes,
De la grande explosion,
Des cerveaux éclatés.
Voici de la poussière,
Pour qui en redemande,
De la grande illusion,
Des prêtres empâtés.
Un chat dans la litière,
Des produits de Hollande,
De la grande incision,
Pour trois cent vers gâtés.
20 Chemistery
Un seul brun de ton sang, et de la poudre en boîte.
J’ai comme un goût de fer et mes dents sont serrées.
L’automne encore une fois, moite,
De la charcuterie à la criée.
De gros porcs en cavale,
Des chevaliers sans arme,
Et soudainement, ils tombent,
Il faut qu’on les avale.
Un seul brun de ton flanc, et de la foudre en boîte
J’ai comme un goût de terre et mes dents sont limées.
L’hiver, encore un bois, et je bois, boîte.
De la buanderie à l’évier.
Partie 4 : Repasses moi mais sans pli
« I remember when i moved in you,
The holy dove was moving too.”
21 Carcasse répare, carcasse remplace
La nuit était belle à en pleurer,
Trempez moi comme la plume ; dans l’encrier
Et voilà que cela prit la forme,
D’un gouffre, avant que je ne m’endorme.
Cela crée des mondes, des terres, des eaux,
Se couvre de chair et se remplit d’os,
Des créatures étranges, qui se meuvent à ma place,
Bien mieux que moi tout seul, dans ma tasse.
Dans un cœur solide, ce serait impossible,
Ou bien l’écran du corps serait lui invincible.
Malgré la foi et le courage,
D’un homme bon, mais sans outillage.
Ecris bordel ! Et crève avec un stylo,
Planté dans les yeux et la peau.
Vide ta carcasse trop pleine,
Et ton âme en peine !
22 L’empire
Des prières ! C’est un homme fendu,
Le maréchal feint, de l’avoir entendu,
Outrepassant le droit, des grands textes anciens,
Ménageant de ce fait, un vieil indonésien.
Ah l’empire grec, l’empire rouge !
Le bel orage autour,
Autour de mon crâne poilu
Autour de mon crâne tondu. Je pense :
« Il n’y a que de belle choses, dont le réel est irradié. S’envolant par nuées, nos rêves,
Retrouvent peu à peu cette légèreté. Tout autant pour le corps, qu’à chaque mesure on
Décompose, je révèlerai à toi qui dors, la vérité qu’on te propose. »
J’accorde qu’on en doute, mais cela serait déplacé.
23 Morfler un max ( C’est incommodant)
Détendu de la bobine.
C’est irrévérencieux, je le concède.
Et les bonnes manières, même d’un éphèbe,
Fondent sur ta moleskine.
Repassé, mais sans pli,
Certains aiment, je vous l’accorde,
Mais cela pousse à la discorde,
Quand moi, par exemple, j’en ris.
Toujours est il, qu’hier au soir,
On m’a molesté le cœur,
Et c’est avec rancœur
Que je l’écris en noir.
On a déplacé l’axe,
On m’a rayé entier,
Pas de quoi s’esclaffer,
J’ai morflé un max.
24 Steak
Je me lève, et c’est ainsi qu’hier,
Debout tenu par d’étrange fils
Sans foi, sans rêve et sans prière,
Attendant passivement, cet instant où je glisse.
Il est vrai, je suis mort depuis longtemps,
Avec un soubresaut qui ne revient plus guère.
C’était mieux, peut être, lorsqu’enfant,
Je croyais encore en un futur clair.
Au 13, c’était bon, je me suis vu pendu,
Et d’autres choix possibles me sont venus.
L’arme, selon le bon plaisir, le saut,
La fin tranquille, finalement, après l’assaut.
Un jour après, déjà, pas assez fort.
Plutôt que la grande, la petite mort.
Combien de temps me faudra t il attendre,
Pour que ma viande, trop cuite, redevienne tendre.
25 Poireau
Recousu de partout, mon aéronef
Volait encore et c’est bizarre,
Dans un temps de grêlons et de brouillard,
A peine abreuvé d’une petite Leffe.
Dégorgé du poireau, et pensant autrement,
Mon immense mépris à l’égard des belles choses,
N’en était pas moins là, suintant dans la prose,
Avec le jus sucré qui s’y épand.
J’étais épris à vrai dire, encore ici,
Essuyant par à-coup, la morve,
Jetant de-ci delà, un regard torve,
De toi, la gorgone, démone de mes nuits.
Sans ajouter le jour, car on le devine,
C’est la fatalité que diable, que diantre.
C’est inéluctable, en pensant à ton ventre,
Où j’ai bandé jusqu’à l’échine.
Ce soir, il n’y aurait pas le droit,
De te grimper dessus, même en rêve ?
Je te vomi dessus, toi, et la trêve.
S’il le faut, je m’inventerai roi.
Dans ces songes là, au moins, tu sauras jouir,
Je n’en serai pas fatigué,
Peut être la main brisée,
A attraper ce cœur que ne cesse de pourrir.
Mais je suis un conquistador,
J’ai dans les veines un sang bouillant,
Noue le vérifierons avant un an,
Peut être pas toi, quelqu’un de moins mort.
26 Bla Bla Bla
J’ai digéré mon albumen,
Grandi depuis le suspenseur,
Percé l’enveloppe,
Exposant au monde ma radicule.
J’ai grandi de plus belle,
Etendu mes racines,
Prélevé l’azote et le carbone,
Photo synthétisé,
Transportant un à un,
Des électrons fougueux.
J’ai connu des printemps,
Nombreux,
J’ai pensé te conquérir, toit, terre sauvage,
Et j’ai été tondu.
Partie 5 : Souvenirs animaux
L’instinct sauvage serait il conservé ?
27 Le flet
A l’heure où tout s’écoule,
Mon cœur s’emballe.
Ainsi qu’il s’agite,
Je me récupère.
Et le vent me presse, continuellement,
Embrassant ma forme, remuménageant.
Le poisson est fier,
Dans les eaux côtières,
Le poisson est flet,
Dans les estuaires.
28 Mes plumes
Agrippé aux tempêtes,
J’ai les ailes brûlantes,
Le visage émacié,
Le corps duveteux.
Une pâle dans la tête,
A cinq heures pétantes,
Le tympan percé,
L’organe amoureux.
Pénétré par ma quête,
Dans l’air je me décante,
Cheveux ébouriffés,
L’air soucieux.
29 Des chiens
Humain, je t’arrache la peau
C’est bon, ça sent la mort,
Et le sexe pourri, j’ai faim,
J’en veux encore.
Pauvre créature, matrice à viande.
Utérus comblé de déchets
Je tire sur des veines unes à unes
Et c’est une file d’enfants qui vient.
C’est jeune, c’est beau
Ça n’a pas de poil
Mais ça hurle fort
Tant et tant, même si on brise leurs dents.
Agenouillés comme des chiens
De la bave aux lèvres, petites bêtes.
Nourrissez-vous petits,
Au sein de votre mère défunte.
Je ne suis plus humain.
Je ne suis plus humain,
Je ne suis plus humain.
Tranches, tranches
Coupes, coupes,
Scies, manges, bois
La chair longtemps à l’air devient liquide.
C’est le bang mondial,
Bienvenue animal.
30 Le pouvoir de l’hydre.
Des boucles jusqu’aux oreilles,
Une moisson de saison blanche,
A s’assoir sur l’idée franche,
Qu’il y avait un soleil.
L’ange était à l’étroit ici,
Il s’est rangé mon dieu !
Tout baigné d’yeux.
Le prince. Nous l’avions dit.
C’est le matin heureusement.
Sombre mais préférable,
Au goût fort et détestable
De la nuit précédemment.
Attendons de voir le soir,
Et calmons la pensée,
Même si libérée,
Elle trouve son exutoire.
31 Homme nouveau, mode d’emploi.
Sacrifies ce qui t’es cher.
Utilise tes mains que le contact colle.
N’ais pas peur des fluides
Qui s’échappent.
Souviens-toi !
Etre libre, ne plus être corrompu
C’est un acte définitif. Il ne doit rien rester.
Ta famille, tes amis,
Doivent disparaitre.
Le feu purifie tout.
Souviens-toi !
Pauvre corps, pauvre âme que tu es.
Ici est le salut.
Plus de cordon, plus d’attache, plus de sentiment,
Vis homme nouveau.
Souviens-toi !
Après ceci, ceux là, les autres.
Le reste devra être purifié.
Le nègre, le voleur, le curé, le crochu
C’est encore le plus sûr moyen
D’atteindre un dieu qui les rend fort.
Supprimer les traces.
Souviens-toi !
Maintenant pleures, car c’est la dernière fois
Il n’y a aucun retour.
Vis homme nouveau, vis !
32 Diktat
Se tenir à la bête,
Les deux mains j’en suis sûr.
C’est un matin, deux têtes,
Comme une dictature.
33 Un collier pour courir
Léthargie d’avant guerre,
Un instant sinueux,
Oiseau du Finistère,
Dérangé mais sérieux.
Compagnon de ces dames,
Et leurs chattes ouvertes,
Par un vicieux quidam,
De ses mains expertes.
Tu nourriras l’enfant,
Au détour d’un chemin,
Emprunté à milan,
Par un bel italien.
Sa nourriture frivole ;
Pas encore interdite,
Noyée dans la rigole,
De pensées inédites.
Partie 6 :Beau temps
Attaché, c’est plus sûr
34 Le beau temps
Une place au beau temps
Des accords enlacés,
Se mouvant à l’instant,
Avec l’air emprunté.
35 L’épine
Les visages blancs,
Comme autant de champs de ruines,
Semblaient plus grands,
A mesure que l’on ôtait l’épine.
36 la tranquillité
J’aime à voir refleurir, les fleurs écarlates,
Tendues comme assoiffées, dans un élan serein.
Vers un ciel qu’on dirait, limpide de l’agate ;
Des yeux fauves et liquides d’un calme félin.
J’aime à voir s’épanouir, la nature sauvage,
Quand vient le temps chéri des saisons amoureuses
Transportant silencieuses, les semences volages ;
De vertes tiges droites, fermes et vigoureuses.
Il me semble parfois, que j’entrevois le beau,
Que le silence est pur et qu’il ne fait pas froid
Que ma chair assoiffée est toute gorgée d’eau.
37 les destinées ascensionnelles
L’ascension d’une étoile est un gémissement
Dont la queue cométique s’enfle d’écume spatiale,
Lentement évasée dans un soufflé létal,
Comme une robe d’eau, ouverte élégamment.
Tu porteras la mienne une des nuits prochaines,
Où l’air, vibrant, est tout électrisé
Dans un ciel gris, fumant de nuages éclatés.
Ainsi l’espace, son corps noir dévêtu,
Porte en son glacial sein nos flambeaux essentiels
Pulsant de vie dedans, la poche matricielle,
Par delà le domaine, des choses entendues.
A quoi penser d’abord, en la voyant monter,
Gémissante l’étoile dans un flux aquatique,
Seulement se plonger, au cœur d’heures elliptiques,
En savourant l’émoi et se laisser voguer.
38- instabilité
A deux mains
Il a plu
Par-dessus
Les jardins
Et le corps
Le printemps
En avant
Sur le bord
Le silence
Vert en bas
S’envolera
Mon absence
Dans l’entière
S’éteint
Le matin
Atmosphère.
39 Ma nuit dans un cratère
Ma nuit dans un cratère
Est extraordinaire.
Ma vie dans un enfer,
Est un jour exemplaire.
Mon cri dans un glaciaire
Est un peu solitaire.
Mon lit au cimetière,
Est une bonne affaire.
40 Mutin
Mon ange, oh ma lumière !
M’as-tu donc oublié ?
Mon Gange, mon officier,
Mon ivre paternel,
Serait-il pétrifié ?
Quoi qu’il en soit,
Je revis dans un durillon
Et m’élève, en spasmes,
Dans le silmarillion.
Fontaine aux baisers,
Printemps qui renaissent !
Je m’en lave les mains !
41 l’espérance
J’attends le soleil à ma porte,
Mais c’est l’Automne, et le vent m’emporte.
J’attends l’été à ma fenêtre,
Mais la pluie s’engouffre, et je m’y empêtre.
Je guette l’espoir, perché sur un toit,
Mais la foudre folle me pétrifie là.
Je rêve à tes yeux, seul à l’intérieur.
Mais je m’y étouffe, et tu ne viens pas.
42 De l’allure
Le ciel a beau être sombre
Et mon cœur en décombre,
Je me prends à rêver de mieux.
Et si mon corps ne fait plus d’ombre
Chinoise, sur tes murs en surnombre,
Je me tends à toucher les cieux.
Le ciel a beau faire de l’ombre
Sur mes murs en décombres,
Je me pends à crever, mais le plus vieux.
“This is the end
Beautiful friend
This is the end
My only friend, the end”
“The end”, the Doors