Arrêter de fumer, ça me semblait impossible . Toujours un coup de stress , un coup d’plaisir, un coup d’calcaire, bref, une excuse pour fumer une clope. Et puis aussi, quand on est encore jeune et qu’on peut assumer le coût du tabac, arrêter de fumer n’apparait pas comme une évidence.
Aujourd’hui j’ai 34 ans, et ça fait 100 jours que je suis un ex fumeur.
Ça faisait un moment que j’y pensais, sans vraiment élaborer de stratégie. Mais il faut dire que mes précédentes tentatives avaient toutes échouées au bout de quelques heures. .. Sauf avec la clope électronique il y a environ 6 ans, durant laquelle j’avais tenu un mois sans clope ou presque. Mais je n’avais pas réellement l’envie. Et pour moi la E-cig ne permet pas de se libérer du geste et donc de la dépendance.
Bref, cela faisait au 29 janvier, environ 16 ans que je fumais. des roulées principalement, à raison d’environ 25 par jour. J’avais commencé pour faire comme les grands, et la cigarette m’a permis d’avoir une contenance en arrivant à la fac et de me faire des potes d’une certaine façon. Elle m’a aussi permis de draguer des nanas. Ou pas en fait. Mais c’est la sensation que j’avais.
Depuis un petit moment, je commence à réfléchir à l’impact de ce tube incandescent sur ma santé (la toux perpétuelle, le risque de cancer vu ma base génétique familiale), sur mes finances, et sur le quotidien. (Toujours devoir réfléchir à ce qu’il nous reste dans le paquet, aux bureaux de tabac d’ouverts, aux cigarettes à rouler avant de prendre le volant :Une vraie logistique en fait!).
Il se trouve que ma copine a un pote addictologue (mais ça marche avec ton médecin traitant aussi) qui nous a fait chacun une ordonnance de substituts . Je me rend compte que j’avais jamais essayé les substituts avant alors pourquoi pas essayer…(A savoir : 150 euros remboursés /an/personne -équivalent de 3 mois de traitement-ce qui devrait évoluer prochainement à un montant non plafonné)
Je me retrouve donc avec une ordo de patchs (nicopatch 14mg/24h) et de pastilles nicopass (1,5 mg). L’augmentation du prix du tabac et La réservation d’un rbnb pour l’été , d’une somme relativement conséquente, me pousse à aller chercher les médocs. Mais du coup c’est motivant.
C’est un jour ou je ne travaille pas. Pour moi c’est l’idéal , car moins de risque de craquer avec le bruit et le stress du taf (je suis animateur avec des gamins) et la tentation des collègues fumeurs.
Les premiers jours c’est pas évident , je bouffe environ 8 à 10 pastilles par jour en plus du patch. Mais déjà , et ça me parait fou, j’ai réussi à dépasser une journée! Les substituts fonctionnent bien avec moi. Ça calme bien le besoin physiologique et permet donc de gérer le besoin psy plus facilement. J’installe aussi une appli sur mon téléphone pour le décompte et les conseils).
J’utilise aussi des petites techniques maison:
1) Le conditionnement inverse: C’est à dire que je pars du principe que je me suis conditionné à assimiler la cigarette au plaisir, à la récompense. Et que si j’arrive à l’associer à une sensation désagréable, cela peut m’aider à ne pas en vouloir. Mon truc à moi a été de penser au goût immonde de la cigarette qu’on allume du côté filtre…cette sensation nauséeuse qui dure et te reste collée dans la bouche. de penser à ça à chaque fois que j’imaginais une cigarette ça a plutôt aidé.
2) L’auto-hypnose: Se mettre en condition de relaxation, et surtout d’introspection. Idéalement au moment du coucher (c’est pendant le sommeil que les infos s’organisent dans notre esprit et notre mémoire). Pourquoi pas avec une musique douce, reposante. Imaginer que l’on rentre progressivement au creux de notre esprit. (perso j’imaginais prendre un ascenseur, et descendre jusque un sous sol caché ). Imaginer qu’on y sème l’idée qu’ on trouve la clope dégueulasse, que ça pue, que nous donc envie de vomir. En gros il s’agit de mettre soit même une suggestion dans notre inconscient. Faire ça autant de jours qu’on le souhaite pour avoir le sentiment d’imprimer l’idée au plus profond de nous.
Au bout de 3, 4 jours sur les conseils d’un pote exfumeur je décide de retirer mon patch 24h la nuit car il m’empêche de dormir (insomnies ou rêves bizarres). Je conseille d’ailleurs d’éviter les amis fumeurs, ou en tout cas les apéros avec des fumeurs pendant au moins une semaine.
Pendant 1 mois environ j’aurais des flashs qui correspondent à une sorte de réflexe de fumer, Mais ça disparait assez vite.
Au bout d’un mois : je coupe mes patchs en 2 pour la journée (psychologiquement ç’est important tout en se disant qu’une moitié d’un patch 24h délivre autant qu’un patch 24h entier qu’on retire la nuit de toute façon…)
Au bout de 2 mois, je retire le patch (me suis rendu compte que j’avais pas senti la différence avec ou sans patch lorsqu’il est tombé par mégarde)
Entre deux et 3 mois. alternance pastilles nicopass et bonbons mentholés sans sucre. Diminution progressive .
Aujourd’hui j’ai quasi supprimé les nicopass. Mais j’en prend une tous les 1/2 jours environ. Une pastille , maintenant , me donne l’impression d’avoir fumé un petard :).Par contre je continue à suçoter des bonbons,
Bref. J’ai vécu 2 périodes d’insomnies aux changements de dosage. Un peu de déprime, mais aussi beaucoup de fierté. Maintenant, je sens que même dans les contextes plus difficiles (apéros) je n’ai pas d’envies particulières de fumer. Je vais moins sur les forums (j’y suis lecteur , pas acteur) sauf pour me féliciter.
Aujourd’hui j’ai plus tendance a me demander « pourquoi être fumeur » que « pourquoi arrêter la clope ».
j’ai toujours des fringales, mais moins. De l’envie de sucre, mais un peu moins. J’ai aussi la chance de n’avoir pas de problème de poids . j’ai pris 3 kilos. mais vu mon gabarit c’est plutôt pas assez que trop… Et j’ai surtout gagné du souffle, de l’endurance , un truc de ouf!
Mon humeur est stabilisée . D’ailleurs il faut noter que les substituts me rendaient plus calme que la clope . La dose de nicotine étant constante.
Bref. 100 jours. et de mon côté .tout va bien. Courage à vous, et n’oubliez pas, ce n’est pas une montagne à franchir comme on peut le croire. Et ça vaut le coup .
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ET APRES?
Au début , j’ai hésité à raconter la suite , après ces 3 mois. Pour ne pas décourager les lecteurs désireux de se rassurer dans leur démarche d’arrêt du tabac. Mais finalement, je me dis que parler des pièges , c’est bien aussi…
Allons donc. Ce défi du stop tabac s’est déroulé sans encombre pendant 5 mois.
Est arrivé l’été, les apéros au soleil. L’abus de confiance…en soi..C’est à dire une clope par çi, une clope part là, tout en croyant soi-même qu’on gère. On commence à se persuader qu’on maitrise vu que le lendemain on ne se lève pas en mode crise de manque.
Et pourtant c’est déjà trop tard. Notre cerveau vient de réassocier cigarette et détente…
Vacances donc…à Montréal..les clopes y sont moins cher , donc on se dit allez petit plaisir. Puis retour en France, puis Barcelone..les clopes sont encore moins chères et mes amis sont nombreux à être fumeurs..
Résultat des courses à la fin aout , me voilà à remettre le compteur à zéro après 2 mois à fumer progressivement jusqu’à un rythme soutenu (environ 12 clopes jours en juillet puis 18 clopes /j en aout ), à la date du 22 aout 2018 à 11h. Je me suis rendu compte qu’il me faut reprendre les patchs (je pars sur un demi patch 24h) et les pastilles nicotinées ..et surtout ne pas s’autoriser de clope « plaisir ». En gros garder en tête que c’est un combat ardu malgré tout.. J’y crois !
Pour cette première semaine. Je ne cherche pas à me frustrer en dose de nicotine, je suce donc autant de pastilles que le besoin se fait sentir. je n’ai pas de « flashs » comme lors de mon premier essai, j’imagine que les 5 mois ont déjà permis de dégrossir une partie des réflexes fumeurs. Ça aide un peu. Mes envies surviennent surtout au contact des fumeurs mais sont plutôt gérables dans la journée et s’apparentent plutôt à une forme de nostalgie. Et c’est cette nostalgie que je m’efforce de combattre. en pensant notamment au financement des vacances de l’été 2019, mais aussi du quotidien en attendant…
Bref : 1 semaine sans tabac.
23 sept 2018:1 mois sans tabac depuis hier :
J’ai toujours un demi patch pour la journée, et je tourne à 2/3 pastilles par jour. Je pense que je pourrais retirer le patch , mais cette fois çi j’essaie de supprimer d’abord les pastilles avant de retirer le patch, quitte a n’en prendre qu’un quart prochainement. Mais j’ai envie de dire , l’important c’est le feeling et ne pas forcément se presser 🙂
17 oct 2018: 2 mois (presque) sans tabac (presque). Plus de patch, plus de pastilles à la nicotine. durant ce deuxième mois. Le lendemain d’un gros apéro (ou j’ai taxé une clope), un peu vaseux, je retire les patch. le lendemain d’un apéro suivant (ou j’ai taxé une clope) je ne prend plus de pastilles. J’arrive donc à me débarrasser de la nicotine dans mon organisme. Par la suite. arrive ma soirée d’anniversaire. En ville, en terrasse, un brin saoul, je taxe des clopes, même pas par besoin…par envie. Mais n’en taxe plus en rentrant à l’appart. j’avoue que depuis ce jour (le 13 oct)je repense un peu plus à la clope. m’autorisant en pensée à fumer pour les apéros de w end , les sorties. Tiens ça me rappelle un peu cette sensation de début d’été. Le piège est là. Et je sais surtout que les contexte de soirées sont vraiment un danger en terme d’envie…L’arrêt du tabac est vraiment un parcours du combattant pour qui a une vie sociale 🙂
16 ans de tabagisme
16/01/2018: arrêt 5mois
07/2018: reprise 2 mois
22/08/2018: arrêt 2 mois
22/10/2018: reprise 2 semaines
02/11/2018: arrêt 4 mois
23/02/2019: reprise 2,3 semaines
11/03/2019: arrêt en cours